Tirana Inc, principal incubateur universitaire de la capitale albanaise
Le programme de développement de start ups étudiantes, monté par cinq universités Tiranaises se relance après une pause d’un an. L’objectif affiché est de pérenniser et de renforcer cette structure originale en Albanie.
« Faites passer le mot, on recrute », plaisante Elona Karafili, vice-rectrice de l’Université Polis et directrice de Tirana Inc, en s’installant à son bureau. En ce 31 janvier, il reste deux semaines pour compléter les groupes d’étudiants qui bénéficieront de la deuxième session de l’incubateur de Tirana Inc, né de la réunion inédite de cinq universités publiques et privées de la capitale Albanaise : l’université Polis, l’université Métropolitaine de Tirana, l’université Polytechnique de Tirana, l’Université de Tirana et l’université Epoka.
Ce programme, inauguré en 2021 et ouvert à tous les étudiants Albanais, propose d’aider 10 équipes à développer un projet de start up en 100 jours. Il est le principal programme d’aide aux jeunes créateurs de start-up en Albanie. Il s’articule autour de groupes de travail et de rencontres échelonnés dans le temps, et ponctués d’interventions de mentors issus d’entreprises locales ou internationales. Ces travaux se concluent par une présentation des différents projets au terme de laquelle 5.000 euros sont répartis en trois prix pour récompenser les meilleurs.
“Besoin de soutien“
Amoreld Mija, 22 ans, fait partie de l’équipe qui a remporté le premier prix, de 2.500 euros. Leur site, Rentnow, centralise les offres de 12 agences de location de véhicules à travers le pays et permet de réserver en ligne des véhicules. “En Albanie les gens ont encore peu le réflexe d’aller sur internet pour ces services, ils préfèrent se rendre sur place et inspecter méticuleusement les véhicules“, analyse-t-il. Malgré tout, le site compte environ 650 utilisateurs par trimestres et a vocation à se développer encore. Le jeune homme est en train de développer une nouvelle fonctionnalité permettant aux particuliers de louer leur véhicule personnel sur la plateforme et aimerait à terme faire de même pour la location d’appartements, à la manière d’airbnb ou de booking.
Pour l’étudiant, qui réfléchissait déjà à cette idée avant de participer à l’incubateur Tirana Inc, ce programme a joué un rôle important : « seuls, nous aurions pu aller au bout de ce projet, mais cela aurait pris plus de temps. L’Albanie est un petit pays. On a besoin d’un peu de soutien, de réseaux, de ressources matérielles et de l’expérience que peuvent nous apporter les universités et leurs entreprises partenaires. »
Cette aide s’est pour lui matérialisée par des conseils de professionnels sur le modèle économique le plus adapté à sa plateforme, ou encore sur des aspects légaux. Sans compter les 2.500 euros de prix qui ont financé les ressources du site internet, ses serveur, et le marketing de l’entreprise.
Plus grand incubateur universitaire
Tirana Inc n’est pas le premier incubateur universitaire albanais, mais c’est le plus grand. “Il y avait deux options, soit chaque université créait sa structure pour aider ses propres étudiants, au risque de fragmenter d’avantage un réservoir déjà limité, soit on se réunissait pour mettre en commun les coûts et fournir un meilleur soutien“, analyse Elona Karafili.
Une fois d’accord sur leur volonté de s’associer, les cinq universités ont bénéficié du soutien économique d’une structure dépendant de l’Union européenne : EU for innovation. Avec elle, elles se sont inspirées d’exemples de consortiums universitaires existant déjà dans des capitales occidentales comme Amsterdam ou Sydney.
Objectifs de développement
Après avoir organisé une première session d’essai en 2021 puis créé une entité légale, Tirana Inc cherche désormais à pérenniser ses financements et à se développer. Une troisième session pourrait ainsi être organisée dès cette année, doublant le nombre de bénéficiaires. Un autre programme devrait également voir le jour à terme. Il sera dédié plus spécifiquement à certains secteurs, comme les énergies renouvelables ou les matériaux de construction innovants.
Amoreld Mija, qui poursuit ses études tout en gérant sa plateforme, reste pour sa part lié à Tirana Inc : “J’ai été contacté pour participer à la prochaine session comme mentor“, explique-t-il. “Je pense que je vais le faire.”
Benjamin Milkoff