Tumo Tirana, la capitale albanaise à l’école de la technologie
Au cœur de l’emblématique pyramide de Tirana, une école gratuite initie les 12-18 ans à différentes disciplines informatiques. Une véritable opportunité pour les jeunes de la capitale qui y participent.
Un empilement de blocs colorés au coeur de la pyramide de Tirana, entourés de marches et de coursives blanches : TUMO Tirana est bien une école. Ses airs ultra-modernes démontrent la renaissance de ce monument au style brutaliste, emblématique de la dictature communiste.
Chaque cube contient des rangées d’ordinateurs et de tables où des jeunes de 12 à 18 ans viennent acquérir des compétences technologiques. Le cursus s’articule autour de 14 disciplines telles que la programmation, la robotique, la modélisation 3D ou le graphisme. Chaque élève s’essaye à l’ensemble des disciplines avant d’en choisir quatre qu’il développera dans des ateliers encadrés par des coachs.
Cette école, ouverte en novembre 2021, est le nouvel avatar d’un modèle né en 2011 en Arménie. Il a depuis essaimé à travers le monde, de Kiev à Paris en passant par Beyrouth ou encore Berlin. Près de 3000 jeunes sont aujourd’hui inscrits dans l’antenne albanaise de TUMO, et ce chiffre devrait encore s’accroître alors que les cours viennent de devenir gratuits. L’école a également augmenté sa capacité d’accueil, en octobre dernier, en prenant ses quartiers définitifs dans la pyramide.
“TUMO a fait de moi la personne que je suis“
Morela Baushi, 16 ans, est comme chez elle au milieu de ces blocs colorés. Elle est étudiante à TUMO Tirana depuis le premier cours, il y a trois ans. Elle attend aujourd’hui d’achever ses deux derniers ateliers, et participe bénévolement depuis deux ans aux activités de l’école en tant qu'”ambassadrice”. Elle retrace, dans un anglais parfait, l’étendue de son évolution. “TUMO a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Au début, j’étais complètement étrangère à la technologie, je ne savais même pas ouvrir un mail, et j’étais à 101% introvertie.”
Mais dès le premier jour, elle découvre l'”état d’esprit TUMO : on est entourés de personnes ouvertes d’esprit, compréhensives. On est libres, sans la pression de l’échec, et les encadrants sont là pour nous conseiller quand on se sent mal.”
“C’est très différent de l’école“
La pédagogie TUMO se caractérise également par sa dimension sociale, comme l’explique Gerdila. La jeune femme de 24 ans encadre les nouveaux étudiants qui explorent en autonomie chaque discipline via un programme informatique en anglais. “Ces cessions sont aussi un moyen de socialiser. Certains jeunes viennent en groupe d’amis, d’autres sont au début très introvertis, tous n’ont pas les mêmes ressources, mais avec le temps, chacun se met au diapason.”
Les encadrants s’efforcent aussi d’organiser “beaucoup de jeux” et des évènements pour entretenir cette ambiance. “Les jeunes disent souvent que ce qu’ils font ici est cool, l’ambiance est chaleureuse, c’est très différent de l’école traditionnelle. On aurait aimé avoir ça à notre époque“, explique-t-elle.
Vincent Selamad, 26 ans, est graphiste et anime des ateliers depuis la fin 2021. Lui aussi estime tirer profit de ses échanges avec ses jeunes élèves. Les ateliers sont pour lui “une séance de thérapie gratuite“, comme il aime à l’expliquer à ses amis. “Les jeunes ont toujours de nouvelles perspectives, de nouvelles idées.”
Si Morela Baushi souhaite devenir chirurgienne, elle reste très attachée aux disciplines qu’elle a découvertes avec TUMO et qui sont devenues des “passions.” Et elle ne compte pas s’en détourner : “je ne veux pas arrêter, ce serait comme si une partie de moi m’était arrachée.”