L’haltérophilie albanaise en quête d’un second souffle
C’est le sport où l’Albanie a été la plus représentée aux Jeux olympiques. Mais l’haltérophilie est en perte de vitesse depuis plusieurs années dans le pays. Reléguée derrière d’autres disciplines comme le football, elle survit grâce à la passion de quelques petits clubs.
Nichée dans la banlieue de Tirana, la salle Aleksander Kondo – du nom d’un grand haltérophile albanais des années 80 – accueille les jeunes de la ville de Kamza. Âgés de 11 à 14 ans, ils passent leurs fins de journée dans cette salle à la décoration rustique, pour soulever de la fonte. “Ils s’entraînent cinq fois par semaine, avec des sessions de deux heures”, décrit Filaj Romeo, coach de ces adolescents en âge d’aller au collège.
Si ces jeunes vivent au rythme des barres qui rebondissent sur le sol, c’est loin d’être le cas du reste de leur génération. Autrefois glorifiée par le régime communiste, l’haltérophilie a perdu de sa superbe en Albanie à la chute du régime, à partir des années 1990. “Ce sport fait partie de la tradition du pays. Mais aujourd’hui les gens s’intéressent plus au football ou au volleyball”, regrette Dashamir Cajka, président du club, le Kamza 2021.
Moins de poids dans le pays
“C’est un sport très dur”, tente d’expliquer Filaj Romeo. C’est pourquoi les parents hésitent à ce que leurs enfants se lancent. “Ils pensent que ça empêche de grandir”, constate Dashimir Cajka.
Pourtant, l’Albanie réussit toujours à performer à l’international. Dans son histoire, le pays a envoyé des haltérophiles à chacune de ses participations aux Jeux olympiques, frôlant parfois le podium. Aux championnats du monde ou d’Europe, quelques albanais comme Briken Calja portent haut les couleurs du pays en glanant des médailles. “C’est un peu notre fierté nationale”, peut-on entendre au sein du club.
Valeurs et nouveau souffle
C’est pour faire perdurer la tradition de l’haltérophilie albanaise que certains clubs continuent d’accompagner des jeunes dans leur progression. Cela passe par l’inculcation de quelques valeurs. “La règle n°1, c’est la discipline”, explique Filaj Romeo, insistant aussi sur la rigueur qu’il faut avoir pour pratiquer ce sport très masculin.
Pour tenter de relancer l’intérêt des jeunes albanais, plusieurs clubs se montrent particulièrement actifs sur les réseaux sociaux. “On est sur Instagram et TikTok”, claironne Dashamir Cajka. Il filme presque en continu ses pratiquants pendant les entraînements. “On a certains de nos jeunes qui sont venus s’entraîner grâce à nos vidéos”, renchérit-il, expliquant que l’exposition sur les réseaux sociaux peut permettre de changer les mentalités.
Son club, créé en 2021 et bénéficiant d’infrastructures plutôt modernes, se veut en plein développement avec des ambitions internationales. “On a un jeune qui est en mesure de viser le podium au Championnat d’Europe des moins de 15 ans”, affirme-t-il. Ces rêves entrent en contradiction avec la dynamique actuelle en Albanie. L’haltérophilie survit surtout dans les petites villes avec des entraîneurs vieillissants et ne compte, pour l’instant, aucun haltérophile qualifié pour les Jeux olympiques de Paris l’été prochain.