Le port maritime de Durrës se rêve en porte d’entrée des Balkans

Le port maritime de Durrës se rêve en porte d’entrée des Balkans

Le port de Durrës est un passage obligé pour 80% des marchandises qui transitent par l’Albanie. Aujourd’hui peu orienté vers le tourisme, il pourrait devenir le point d’attractivité principal sur la côte des Balkans.

A Durrës, on ne peut pas le rater. Le port maritime, mastodonte de 2,2 km de large, est encerclé par de gigantesques grilles. Depuis la fondation de la ville au bord de l’Adriatique au VIIe siècle av. JC, Durrës a toujours été un port d’échange. C’est aujourd’hui la deuxième ville du pays avec 210.000 habitants. Elle est située à une trentaine de kilomètres de la capitale Tirana.

Le port de Durrës constitue la porte d’entrée de l’Albanie, avec 80% du trafic maritime national. Chaque année, quatre millions de tonnes de marchandises et 800.000 passagers transitent par le port. “Ce port n’est pas important pour Durrës. Il est au service de toute l’économie albanaise!”, s’exclame Krenar Ibrahimi, enseignant chercheur spécialiste de l’économie portuaire.

Sur le bitume, les conteneurs multicolores empilés renferment de tout : vracs liquides, solides, et biens variés. Dessus, figurent les noms du français CMA-CGM, du chinois China shipping, ou de l’italien MSC. Les grues semblent monter jusqu’au ciel.

80% du trafic maritime passe par le port de Durrës. L.G.

Prendre la route

Un ballet de camions défile aux entrées et sorties du port maritime. “En Albanie, on n’a pas de connexions fluviales et le réseau ferré a été abandonné après la période communiste. Alors on s’appuie sur le réseau autoroutier pour relier l’arrière-pays”, explique Krenar Ibrahimi.

Derrière les véhicules, une voie ferrée se construit. Il s’agit de la ligne Tirana-Durrës. Le Premier ministre Edi Rama a annoncé la fin des travaux pour 2024. D’autres lignes doivent renforcer les liens entre Durres et les villes de la région. Une doit aller jusqu’à Pristina, la capitale du Kosovo. L’autre à Struga, en Macédoine du Nord. Ces deux voies ne sont encore qu’à l’état de promesses politiques. Si elles voyaient le jour, elles relieraient Durrës à des ports secs, sorte de plateformes commerciales et logistiques. “Cela permettrait de connecter le port maritime aux producteurs de la région”, développe le chercheur.

Car si Durrës échange avec le monde entier, le port reste “d’ambition balkanique”, rappelle Krenar Ibrahimi. Surnommée “porte des Balkans”, Durrës est située à un endroit stratégique. Son emplacement lui permet une “bonne connexion routière avec l’arrière-pays” et un accès direct à l’Adriatique. “Durrës a toujours été un lieu stratégique”, insiste Krenar Ibrahimi. Déjà sous l’Empire romain, la via Egnatia reliait Durrës à Constantinople, actuelle Istanbul.

Concurrence et ambitions

Aujourd’hui, le port de Durrës doit rivaliser avec celui de Bar, au Monténégro, et de Thessalonique, en Grèce. Les trois compagnies de ferries présentes à Durrës ne desservent que l’Italie voisine. Quelques yachts viennent s’amarrer occasionnellement. Pourtant, le gouvernement cherche à faire de l’Albanie le point d’attractivité principal des Balkans. C’est dans ce contexte qu’est né un nouveau projet.

Depuis l’année dernière, une luxueuse marina est en construction à Porto Romano, une zone située juste au nord de l’actuel port. L’objectif à terme est de déplacer le port maritime vers un lieu plus grand, ouvert au tourisme. Centres commerciaux, espaces de loisirs, hôtels, … Porto Romano devrait employer 12.000 personnes. Des milliers de touristes pourraient alors abonder du monde entier, avec un espace dédié aux yachts notamment. Un groupe émirati, Emaar, finance le projet à hauteur de deux milliards d’euros. Un plan de développement soutenu par le gouvernement Rama, qui se félicite de créer un “Dubaï des Balkans”.

Léo Guérin

Image : Léo Guérin

Leo

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